9. L’EPOPEE DE GILGAMESH

L'Epopée de Gilgamesh par Remy-Wilkin

Conte librement adapté d’après les fragments épars des diverses traditions

« De tout ce que je possédais, je chargeai mon navire, et ainsi de ma famille et de ma belle-famille, des espèces animales. (…) quand la pluie annoncée par le dieu se mit à choir et que le temps parut des plus effrayants, je montai dans mon vaisseau et en fermai la porte. (…) Un jour entier, la tempête se déchaîna et un raz-de-marée balaya les humains. »

Non, ceci n’est pas un extrait du récit biblique du Déluge : il s’agit de L’Epopée de Gilgamesh, un récit mésopotamien bien antérieur, auquel Juifs et Chrétiens ont emprunté nombre d’épisodes ou de thèmes.  Et l’on sursautera encore en découvrant un Jardin merveilleux, une plante de jouvence ou certain Serpent…

La narration fait la part belle au voyage et à l’aventure, mais, au-delà, il y a la quête du bonheur et de l’immortalité, des interrogations sur le sens de la vie, l’émergence d’une conscience, de soi et de l’autre.

Quant aux personnages, quel devenir ! Car Gilgamesh, assurément, « deux tiers divin et un tiers humain », est l’ancêtre et le modèle de tous les super-héros, d’Hercule à… Superman ou Dragon Ball. Et Enkidou, son frère de cœur et de combats, n’est-il pas, avant Tarzan et autres Mowgli, le prototype de l’enfant élevé par des animaux et qui devient leur roi ?

Pour adapter la première épopée de l’Histoire, Philippe Remy a conjugué sérieux et créativité, se fondant sur les fragments des diverses traditions et les commentaires des spécialistes, mais osant privilégier la cohérence interne et la littérature. Au final, soutenu par les belles illustrations de Nikolas List, il nous livre un récit captivant et lyrique, accessible à tous, un roman d’initiation à l’humanité, qui nous parle encore par-delà les millénaires, nous rendant si attachants ces Mésopotamiens méconnus.

L’illustrateur

Né en 1979 à Cincinnati, de père mexicain et de mère américaine, Nikolas LIST passe ses premières années entre San Francisco et l’Ohio avant d’atterrir à Liège, en Belgique. Passionné par les diverses spiritualités, il crée en puisant dans un brassage culturel très large, ce qui l’amène à explorer des univers imaginaires singuliers. Auteur, dessinateur, cinéaste, il a publié son premier livre chez Maelström en 2004, un conte initiatique illustré intitulé La Vallée des Rois

Extrait – rabat de couverture

« Je ne te comprends pas, disait Gilgamesh. Tu as découvert les plaisirs de l’amour et ceux de l’amitié, tout ce qui m’appartient est tien. Tu es jeune, tu es fort, tu as tout, tu peux tout.

– Ainsi suis-je fait, frère de mon cœur, répondit Enkidou. Ce sont justement toutes ces joies qui m’arrachent des larmes, car le bonheur m’est odieux quand tant de plaintes montent vers moi. À quoi bon mes richesses ou ma force si je ne puis rien pour soulager autrui ? »

Vu par les médias

. (…) Philippe Remy apprivoise le mythe avec un regard bien à lui. Le roman, superbement illustré par Nikolas List et agrémenté d’un lexique, donne à connaître la fameuse épopée. Nourrie de dialogues et sertie de lyrisme, celle-ci lance les lecteurs sur les traces de personnages fondateurs. Plus loin que les pages, le conte initiatique touche aux grandes questions existentielles. (Françoise Lison-Leroy, Le Courrier de l’Escaut, 12/11/07).

.  (…) Philippe Remy s’est donné pour utile mission de fournir une version limpide, à la fois fidèle et littéraire, de la plus ancienne épopée connue (…) récit tout empreint de poésie épique (…) annexes éclairantes sur ce pays de Mésopotamie (…) et sur l’épopée elle-même (…). Illustrations en parfaite harmonie (…). (Ghislain Cotton, Le Carnet et les Instants, n° 150, 2 colonnes denses, février/mars 08).

. (…) une transposition moderne de l’épopée (…) mettant en valeur les épisodes les plus émouvants et les plus profonds. (…) un style poétique et vif, apte à toucher le lecteur d’aujourd’hui (…). (Laure-Elisabeth Lorent, Indications, n° 2 de la 65e année, 4 pages, mars/avril 08).

. Adrienne Nizet, L’Epopée de GilgameshLe Soir, 18/01/08. Une brève, qui donne deux étoiles au livre.

. L’Epopée de Gilgamesh, Vivre, tout simplement, n° de mars-avril-mai 08. Brève dans la sélection de livres du trimestre.

. Françoise Lison-Leroy, Gilgamesh à portée de regardLe Courrier de l’Escaut, 12/11/07. Bel article de 2/3 page.

 Interview par Françoise Lison-Leroy suite à la sortie de Gilgamesh

 PORTRAIT en 6 questions

réalisé par Françoise Lison-Leroy,

à l’occasion de la parution de L’Epopée de Gilgamesh,

en préalable à un article paru dans Le Courrier de l’Escaut du 5 février 2008.

 

1) Romancier, scénariste, écrivain… Tu m’as dit rejeter les étiquettes.

Je suis quelqu’un qui aime inventer et structurer des histoires, jongler avec des savoirs et des questionnements, des émotions et des mots, mais aussi, tout autant, quelqu’un qui aime à partager cela, qui en sent le besoin et même la nécessité. Ce sont ces fondamentaux qui m’amènent à expérimenter différents types d’expression et de communication, à faire de moi, donc, un polygraphe. Et, plus encore, un polygraphe tous terrains et sans a priori. Je pars du principe qu’il n’y a pas de mauvais genre ou de mauvais clan, qu’il faut chercher des adéquations, des affinités électives un peu partout, là où souffle (temporairement) l’esprit, que c’est même la meilleure manière d’apprendre, d’évoluer, de progresser.  Ce qui m’amène, dans l’édition, à passer d’un Indépendant bruxellois à un Grand parisien, à accepter l’argent suisse d’une belle commande mais à en refuser une autre pour privilégier un  travail bénévole, à alterner la création solitaire et la collaboration (avec une revue animée, une collection, un dessinateur, un illustrateur…), la fiction et les mythes, l’Histoire, les récits authentiques, voire la critique littéraire. Un rejet des étiquettes qui s’applique à la carrière mais à la vie tout entière aussi, car il faut voir au-delà des cloisonnements et des apparences, aller inlassablement à la recherche du Beau, du Bien et du Bon. Chez les Anciens et les Modernes, les plus âgés et les plus jeunes, dans un terroir natal ou un pays exotique, un palais ou un bidonville, hier comme aujourd’hui ou demain.

5) Es-tu un chercheur de sens ? Chercher, c’est trouver?

C’est très beau, ce que tu dis. Eh bien, j’aime à le penser. Oui. Et c’est sans doute pour cela, au fond, que ma démarche est double. Creuser sans cesse le même sillon, l’approfondir (en construisant pas à pas une fresque romanesque ou en poursuivant une collaboration durant de longues années), mais, parallèlement, aller à l’aventure, explorer d’autres sentes… en quête de pépites de sens, de l’or du temps cher à Breton. A découvrir et à partager. Chercheur puis passeur de sens. Quant à trouver… Comme disait un sage, l’important, dans le voyage, ce n’est pas le lieu de destination mais la route elle-même. Disons qu’en cherchant avec application, on trouve beaucoup mais pas nécessairement l’objet de la quête initiale. Et jamais les réponses définitives. Qui suis-je ? D’où viens-je ? Où vais-je ? Je fouille encore, bien sûr !

2) Apprivoiser un mythe ? Tutoyer notre humanité?

Comme l’a dit William Golding (Prix Nobel et auteur de Sa Majesté des mouches), Le plus grand plaisir dans la vie, c’est la compréhension. Et réussir à aider les gens à comprendre leur propre humanité, c’est cela la tâche de l’écrivain.  Les mythes touchent à des aspects essentiels de la condition humaine et Gilgamesh n’y échappe pas. Il y est question d’amour et d’amitié, de prise de conscience de soi et de l’autre, de la responsabilité ; il y a une quête de la vie éternelle et du bonheur, du sens de la vie. Une réflexion si riche et si proche qui remonte à des millénaires, cela ne laisse-t-il pas songeur ? Apprivoiser tout cela, c’est aller à contre-courant du repli sur soi et de la peur de l’inconnu, rappeler que l’Irak où déambulait Gilgamesh n’est pas qu’une terre de chaos et de violence, que l’Irakien d’aujourd’hui ne doit pas être réduit à un cliché.

 

3) Tu approches la réalité historique et tu fais œuvre littéraire : une écriture imagée, puissante, lyrique. Histoire et littérature…

Apprendre en distrayant, ou de préférence en captivant ; amuser ou captiver en apprenant. Toutes mes œuvres répondent à ce cahier de charges, dans des proportions différentes, toutefois, et pour des publics divers. Dans le cas de ma version de Gilgamesh, l’objectif premier était de livrer un beau conte, initiatique (pour le fond) et lyrique (pour la forme), teinté d’aventures et de fantastique. Le projet littéraire l’emportait. Mais j’ai travaillé l’habillement pour épouser l’Histoire, oui, et pris un plaisir fou à établir le petit Pour en savoir davantage qui apporte d’autres éclairages au récit et aux personnages.

4) Donner la parole à des voix, des silhouettes qui ont traversé le temps, la mémoire… Cet itinéraire rejoint aujourd’hui notre faim de grandeur, de beauté, d’universalité.

Les hommes de toutes les  époques et de toutes les origines sont en corrélation intime, la filiation se fait tout autant culturellement que génétiquement. Que serait Homère sans Gilgamesh, Virgile sans Homère, Dante sans Virgile ? Je me sens résolument moderne (je lis Ellroy ou Murakami, j’écoute Radiohead ou Muse, je me passionne pour le cinéma d’un Inarritu ou d’un Meiralles, une série TL comme Six feet under), mais je vis aussi dans l’amour d’artistes du passé, que je perçois comme des parents proches : Mozart ou Bach, Sarah Vaughan ou Gainsbourg, Mérimée ou Wilkie Collins, Chrétien de Troyes ou Shakespeare, Hugo Pratt ou Franquin,  Bergman ou Hitchcock, Rembrandt ou Canaletto, et tant d’autres…

 

6) Un très bel accord entre texte et illustration : un travail en accord avec ta recherche ?

Voilà une réflexion qui me ravit. Pour deux raisons. D’abord, nous avons osé offrir un contrepoint, soit des images assez sombres inspirées par le cinéma expressionniste allemand des années 20, et ce pour un récit qui se voulait… lumineux. Ensuite, quel bonheur que ce texte issu du fond des âges et des horizons soit illustré par un jeune homme qui nous vient des Etats-Unis, mêlant des ascendances mexicaine, hongroise et américaine à un parcours atypique (trois cycles complets d’études : l’université et l’illustration à Liège, le cinéma à Louvain). Je me dis que cette illustration-là et cet illustrateur-là réalisent une mise en abyme de ma philosophie de l’interculturalité, du décloisonnement. Ceci étant, notez que c’est notre éditeur, David Giannoni, qui m’a soumis l’idée d’illustrer le conte puis proposé la collaboration avec Nikolas List. Hasard ou nécessité ? On ne peut exclure la solution la plus féérique, à savoir que l’éditeur (un psy de formation !) ait pleinement intuitionné l’univers de l’auteur au point de précéder ses vœux.

Notons

une présentation du livre et une interview de l’auteur à la radio dans la très belle émission Et Dieu dans tout ça ? de Jean-Pol Hecq (RTBF1)

une mise en vitrine du livre lors de l’exposition fort médiatisée De Zénobie à Gilgamesh au Cinquantenaire, le musée d’histoire de Bruxelles.

une présentation publique du livre lors du Pré-Fiestival de l’éditeur Maesltröm, au théâtre Océan Nord, à Bruxelles, le 20/10/07.

Ci-dessous, notre Gilga à proximité du grand Khalil Gibran. Emouvant ! Merci, David, Nadia et Simonetta !

Commentaires

En juin 2013, Daniel Pisters (critique dans la revue Indications) : C’est un très beau livre, essentiel. La sobriété de l’écriture est une clé qui explique la force des évocations. Gilgamesh nous remonte du fond des temps et se déploie dans notre imaginaire sans être prisonnier des chaînes d’une langue particulière. Le style de l’auteur s’affirme tout en s’effaçant devant son sujet.

L'Epopée de Gilgamesh par Remy-Wilkin

Poster un commentaire

2 Commentaires

  1. Avatar de anissa

    anissa

     /  janvier 25, 2012

    lol

    Réponse
  2. Avatar de Daniel Pisters

    C’est un très beau livre, essentiel. La sobriété de l’écriture est une clé qui explique la force des évocations. Gilgamesh nous remonte du fond des temps et se déploie dans notre imaginaire sans être prisonnier des chaînes d’une langue particulière. Le style de l’auteur s’affirme tout en s’effaçant devant son sujet.

    Réponse

Laisser un commentaire